Manifestation interprofessionnelle du 26 mai 2009

Après les 29 janvier, 19 mars et 1er mai, l'intersyndicale avait donné rendez vous ce mardi 26 mai pour une nouvelle journée d'action ; cette journée a pris, sur Caen, un aspect non habituel. En effet, l'intersyndicale appelait à des barrages filtrants sur divers ronds-points de l'agglomération caennaise entre 7h et 9h. A 6h45, une centaine d'étudiants se rassemble au phénix et part en cortège vers le rond-point de la porte d'Angleterre. Ils y retrouvent des militants de la FSU,de la CGT santé et de Solidaires. La distribution de tracts se fait dans la bonne humeur malgré la pluie battante. Quelques automobilistes irascibles tentent parfois de forcer le passage mais le nombre de manifestants les en dissuade vite fait. De plus, la police est présente au cas où. Sur les autres ronds-points, il y a moins de monde ; sur celui d'Ifs, les manifestants partent dès 8h15, faute de tracts à distribuer. A 9h, les barrages sont levés, libérant ainsi des flots de voitures. Un rendez vous est fixé sur le rond-point côte de nacre pour le départ de la manif à 10h.

Malgré les différents appels à la mobilisation, le nombre de manifestants est largement en baisse par rapport aux autres journées d'action. Dès 10h, on peut s'apercevoir qu'il y a peu de monde. Les camions de l'intersyndicale se mettent en place avenue côte de nacre en direction du périph. Après les prises de parole traditionnelles rappelant les raison de la mobilisation, le cortège prend la direction du périph. La grande inconnue avant la manif était de savoir si la police allait laisser les manifestants investir la chaussée. Bien que les étudiants le fassent régulièrement, quelques responsables syndicaux étaient inquiets. Mais, visiblement, la police l'a joue calme et accompagne le cortège qui descend sur la bretelle d'entrée. A la sortie côte de nacre, la DDE et la police dévient la circulation dans le sens Paris-Cherbourg. Dans l'autre sens, la circulation est seulement ralentie par des motards de la police. Le cortège d'environ 2 000 personnes continue sa progression sur la voie extérieure du périph. Puis, à hauteur de la passerelle du calvaire saint Pierre, des étudiants envahissent l'autre voie, suivis de près par des salariés. En tête de cortège, c'est la panique : le directeur de la police a ses mots : « Ah les cons ! Mais qu'ils sont cons ! C'est pas possible d'être aussi cons ! ». La police neutralise donc à la hâte la circulation sur l'autre voie de circulation. C'est à ce moment qu'entre en scène le clown block. Plusieurs étudiants, essentiellement d'arts du spectacle, déguisés en clowns court en direction de la voiture du directeur de la police. Ils tentent de la nettoyer mais celle-ci démarre en trombe et s'éloigne de quelques mètres. La scène se reproduit une deuxième fois. Cela a le don d'énerver le futur retraité de la police.

Le cortège continue de remonter le périph. Au départ, les manifestants devaient le quitter à la sortie vallées des jardins mais, la veille, l'intersyndicale a décidé de sortir au chemin vert pour rejoindre la zone d'activité de la Folie Couvrechef. Le clown block arrive enfin à atteindre la voiture de la police et elle est nettoyée au plumeau, des roues au gyrophare ! De même, des véhicules de la DDE, chargée de la circulation subissent le même sort. A hauteur de la passerelle du chemin vert, la voiture du directeur de la police démarre en trombe, on imagine sans peine qu'il va mettre en place le comité d'accueil devant le MEDEF. Les manifestants voient arriver en face d'eux d'autres manifestants. Ces derniers viennent de Vire où ils ont distribué des tracts aux habitants. Ils sont à peine une cinquantaine, les autres attendant au niveau de la sortie du chemin vert. Le cortège sort enfin du boulevard périphérique et prend la direction du siège local du MEDEF. Sur le parcours, le clown block s'attaque aux différents véhicules de police, un des motards a même le trait d'humour d'indiquer les zones à nettoyer ! Le cortège s'approche progressivement du MEDEF, une sono de l'intersyndicale est déjà présente. La police se fait discrète mais la section d'intervention attend dans ses fourgons. Le clown block refait parler de lui en allant chahuter le secrétaire départemental de FO qui attendait de faire son direct sur France 3 Basse-Normandie. Les manifestants se massent autour du rond-point qui fait face à la brasserie de la zone d'activité. Plusieurs personnes prennent la direction du bâtiment où se trouve le MEDEF. Un groupe s'amasse devant les portes closes. Les manifestants sont de plus en plus nombreux devant les portes, cela commence à inquiéter la police qui observe tous les faits et mouvements de ces manifestants. Soudain, quelques manifestants arrivent à ouvrir la porte et plusieurs personnes entrent dans le hall du bâtiment. Le directeur de la police leur emboîte le pas et monte dans les étages, juste devant l'entrée des bureaux du MEDEF. Il est très agité et fait signe aux policiers en civil de monter le rejoindre. Les manifestants qui ont pénétré ne sont en aucun cas agressifs. La section d'intervention sort de ses fourgons et se déploie devant le bâtiment. Les manifestants sortent du hall et rejoignent le reste de la foule. Les policiers sont accueillis par des insultes. Un oeuf atterri sur l'un des boucliers. Le clown block part directement nettoyé devant les policiers. Mais un autre projectile est lancé, les policiers sont tendus. Ils font alors usage de lacrymogènes pour disperser la foule. Cette dernière recule non sans chanter « Pétain reviens, t'as oublié tes chiens ». Un escadron de gendarmes mobiles, bien caché depuis le début, arrive par la chambre de commerce et se déploie derrière les bâtiments de la zone d'activité. Ce déploiement ne fait qu'augmenter la colère des manifestants.

Sur le rond-point, les responsables syndicaux prennent tour à tour la parole et parlent des secteurs en lutte. Un étudiant prend la parole et dénonce l'intervention de la police. Il parle aussi des luttes dans l'éducation et la nécessité de construire une lutte intercatégorielle notamment part l'intermédiaire du CLIC, qui est complémentaire de l'intersyndicale. Son intervention est très applaudie par les salariés. Le clown block prend aussi la parole pour dénoncer les baisses du budget dans le monde de la culture. Une AG du CLIC était prévue à l'issu de la manifestation mais la présence policière dissuade les principaux animateurs. Le cortège étudiant, d'environ 200 personnes, redescend vers l'université avec l'aide de la police qui lui indique le parcours le plus pratique pour rentrer !

80 photos